1977, la commune se présente

richert.pngTrouvé dans nos archives, la présentation de notre commune faite par son maire, Monsieur Charles Richert, pour accompagner une brochure du syndicat d’initiative.
Le texte est reproduit in extenso et est à contextualiser en 1977.

---

En prenant le CD106 de Bouxwiller vers Ingwiller, le promeneur découvre à la sortie de la magnifique forêt du Reiherwald qui s'étend sur la crête de la colline un des plus beaux paysages de la région.
A l'horizon s'étend en large demi-cercle la chaîne bleue des Vosges du Nord où l'on distingue par temps clair vers l'Ouest le donjon de la Hunebourg et vers le Nord la silhouette de la ruine du château de Lichtenberg, vestige d'un passé prestigieux auquel est liée étroitement l'histoire du Pays de Hanau dont la capitale est et demeure la ville de Bouxwiller distante de 2 km de notre village.
Les 4 villages de la vallée du Soultzbach  (Weiterswiller - Obersoultzbach-Niedersoultzbach - Uttwiller) dont les clochers se succèdent presqu'en ligne droite, attirent le regard étonné et enchanté de celui qui découvre et admire la vallée où serpente paisiblement le ruisseau qui lui a donné son nom. Au pied de la colline, blotti au fond du vallon entre de verts pâturages où paissent les troupeaux , et de nombreux arbres fruitiers, il aperçoit le petit mais coquet village d'Uttwiller. Ses 177 habitants vivent encore à l'écart de la grande tourmente qui caractérise notre époque et leur caractère a certainement été modelé et imprégné par le charme de la nature qui les entoure. Accueillants mais réservés, attentifs mais discrets, ils vaquent à leurs occupations quotidiennes avec sérieux et savent que l'histoire de leur village remonte loin dans la nuit des temps.
Jadis, entre le 12ème et le 15ème siècle, il s'appelait successivement UTEUWILR, puis UOTEWILRE, puis UTHENWILRF , puis UEDWIL. L'apparition de la dénomination "UTTWEILER " n'est guère connue. Le nom actuel "UTTWILLER" date de 1918, année du retour de notre province à la France. Il correspond d'ailleurs assez bien à la prononciation dialectale.
En 1453, le village ne comptait encore que 8 maisons. Vers la fin de la guerre de 30 ans, il était abandonné. La seule maison actuelle dont la construction est antérieure à cette guerre de religion qui a tellement ravagé notre province, est le numéro 49/50, reste de la dite "bergerie" construite en 1556 et abandonnée par les Seigneurs en 1734. Elle appartient d'ailleurs à deux propriétaires distincts et les pièces sont réparties en croix. Le village a été repeuplé par des Suisses.
La réforme est introduite en 1545.
L'église actuelle a été reconstruite en 1683, la précédente ayant été incendiée en 1673. La maison d'école avec étable était attenante à la nef et le tout entouré d'un cimetière. L'actuelle maison d'école date de l'époque où le ministre GUIZOT a ordonné la construction d'un bâtiment scolaire dans chaque commune de France. La première pierre, remise à nue en 1960, lors des travaux d'agrandissement et de transformation du local école-mairie, porte la date du 31 mai 1831.
Le visiteur qui veut se recueillir dans la paisible église de campagne se voit les portes ouvertes tous les dimanches. Dans l'entrée il passera devant deux plaques commémoratives dans lesquelles sont gravées les listes des victimes des 2 grandes guerres.
Elles rappellent la forte contribution en vies humaines qui a été demandée aux familles. Il saura apprécier le nouvel autel qui date de 1968 et l'orgue STIHR qui remonte au 19ème siècle.
La communauté protestante très largement majoritaire, forme une annexe de celle de Bouxwiller. De mémoire d'homme, elle a toujours été desservie par les Pasteurs du bourg. C'est probablement de là que proviennent les liens affectifs qui lient les deux communes.
D'ailleurs beaucoup de Bouxwillerois doivent se souvenir des années noires de l'occupation pendant lesquelles ils sont venus "hamstern", s'approvisionner clandestinement et les paysans ont alors fait preuve de solidarité, sentiment inné au monde rural parce que souvent indispensable pour survivre.     
Par contre, la population d'Uttwiller a fort mal pris la fusion autoritaire avec-Bouxwiller qui lui a été octroyé par l'occupant et elle s'est hâtée de retrouver son autonomie à la fin de la guerre, à la Libération.
Elle en garde d'ailleurs encore un très mauvais souvenir et ne veut guère s'aventurer dans une telle voie.
Le touriste à la recherche de calme et ami de la nature, met 10 minutes à pied pour se rendre dans le Reiherwald.

En suivant la lisière du bois, il pourra faire un vrai chemin de ronde de 1h1/2 à 2 h et contempler un paysage varié et splendide. En flânant à travers le village, typique pour le Pays de Hanau, il voit de vieilles fermes à poutres apparentes et aux porches sculptés de grès, ou couverts d'inscriptions et deux maisons à colombages (13 et 38). Un certain nombre de façades ont été rénovées avec goût et donnent à ce village un cachet certain.
"On n'ose presque pas passer en voiture, disait une Strasbourgeoise, il n'y a pas si longtemps, de peur de troubler les gens dans leur vie paisible". Constat réjouissant et réconfortant.
La vie de tous les jours a toutefois ses satisfactions et ses soucis. Un service de ramassage permet aux enfants de rejoindre sans difficultés le Collège et le Lycée de Bouxwiller, à 2 km de notre localité. Les salariés trouvent dans leur très grande majorité des emplois dans les 2 bourgs très proches, le village se situant au milieu. La diminution continue du nombre des exploitations agricoles (42 en 1955 - 12 en 1978) a permis un agrandissement de la superficie de chaque exploitation et a quintuplé sinon décuplé le cheptel bovin, seule ressource importante vu la qualité exceptionnelle des herbages et la médiocrité des terres de cultures.
La Municipalité actuelle a pris au courant des dernières années une série de décisions importantes dont les bienfaits ont été immédiats ou apparaîtront dans les années à venir. Elle s'est résolument engagée dans la voie de coopération intercommunale, seul moyen pour arriver progressivement à une large solidarité. Mais elle veut aussi sauvegarder jalousement sa personnalité, son autonomie interne et son identité.
Elle a été une des premières à adhérer au Syndicat d'Initiative qui édite la présente plaquette.
La restructuration des terres a démarré grâce à un remembrement de 4 communes de la vallée.
Le réseau d'assainissement sera branché en 1979 sur le collecteur qui mène les eaux usées à la nouvelle station d'épuration d'Ingwiller et environs.
A la rentrée 1979/80, elle regroupera son école avec celles de Menchhoffen et de Niedersoultzbach. La classe unique aura alors vécu. Un nouveau système scolaire très valable sera mis en place et permettra la pré-scolarisation dès 4 ans, puis 3 ans, et la création de 4 classes primaires de niveau dans les 3 communes intéressées.
Le lotissement "RENOUVEAU" voit apparaître les premières maisons individuelles.
La création d'une réserve foncière dans le cadre du remembrement permettra la création d'un second lotissement et d'une zone artisanale.
La Municipalité fait donc preuve d'un certain dynamisme et remplit sa mission en jetant les bases qui doivent assurer l'avenir du village, mais les moyens financiers sont trop limités puisque la Commune ne possède pas de patrimoine productif important »


Date de création : 04/08/2022 @ 15:38
Catégorie : - Histoire, art et culture
Page lue 235 fois